J’ai perdu Philippe brutalement un jour de printemps.
Il est parti sans crier gare après avoir fait un footing sur notre jolie corniche de Marseille, face à la mer qu’il aimait temps.
Il s’est effondré sur un rocher alors qu’il s'apprêtait à plonger dans l’eau bleue sous le pont de la Fausse Monnaie, seul un beau matin d’une journée de printemps.
Ce jour là nous étions à quelques centaines de kilomètre dans mon Aveyron familial que j’aime tant avec les enfants.
Nous n’avons découvert son absence que quelques jours plus tard à notre retour à la maison..
Je l’ai cherché, je n’ai pas compris tout de suite ce qu’il se passait.
Différentes pensées m’ont traversée dans cette quête, était-il parti ? Où, avec qui, comment ? Pourquoi ne m’a t il pas laissé de message, pourquoi a-t-il disparu ? Où est-il ?
Ce n’est que tard dans la nuit au commissariat de Noailles que j’ai découvert l’impensable, il était mort. On me montra un short, des baskets que je reconnus immédiatement.
Je venais d’identifier “le coureur décédé brutalement sur la corniche mais dont on ne connaissait pas l’identité” que le journal La Provence avait mentionné dans son édition du lendemain de sa mort, .
Voilà ce qui m’est arrivé.
Mon monde et celui de nos 2 enfants alors âgés de 8 et 11 ans, tout comme lui ce matin là, se sont effondrés brutalement.
Au delà de l’indicible douleur, il a fallu faire face à la réalité des choses.
Nous n’étions pas mariés. Et ce fût une difficile épreuve que de se relever financièrement de ce départ.
Cela a généré en moi et mes enfants un profond sentiment d’insécurité qui a gravé son sillon durablement dans notre corps. Nous avions désormais la peur en nous après avoir eu le coeur brisé.
Je n’étais plus rien, même pas sa femme, juste la mère de ses enfants.
Et pour couronner le tout, la justice dans ce cas de figure a nommé un juge des tutelles pour les enfants.
Destituée de mon rôle de mère aux yeux de l’administration, pour la sauvegarde des intérêts financiers de mes enfants, j’ai accusé le coup. J’ai même pensé qu’on allait me les enlever.
Ma peur a redoublé, la boule au ventre s’est incrustée au plus profond de moi.
En bon petit soldat, j’ai continué la bataille de la vie, je n’ai rien lâché, et je suis repartie travailler après 2 semaines d’arrêt maladie, parce qu’il fallait bien assurer la pitance du foyer.
Ce fût une autre épreuve.
J’étais à l’époque cadre et chef d’un service d’ingénieurs.
Le temps a passé et j’ai commencé à ressentir autour de moi, dans cette entreprise, les critiques. Il est une phrase que l’on m’a rapportée qui m’a profondément blessée, et a ravivé mon sentiment d’insécurité : “Elle va craquer c’est sur”.
J’ai ressenti à ce moment là que mon poste était l’objet de convoitise, et que ma douloureuse situation pouvait être une excellente opportunité pour certains en mal de promotion.
Critiquée, peu soutenue, j’en étais là de mes réflexions dans le long chemin du deuil, incapable de trouver une solution.
Et puis j’ai fait l’expérience du Jeûne avec un grand J.
Ce fût une expérience extraordinaire au cours de laquelle j’ai finalement compris que le salariat ne pouvait plus rien m’apporter de bon.
Mes valeurs y étaient baffouées en permanence, je n’y trouvais plus de sens.
Je ne m’y sentais plus à ma place. Cette situation était une douleur morale et physique.
Le jeûne m’a littéralement ouvert les yeux.
Comme une fulgurance, un éclair de lumière dans ma vie, une voie s’est ouverte.
J’ai compris que ma vie n’était plus bloquée. Cela a été un déclic incroyable.
J’ai retrouvé l’énergie, mais pas seulement celle qui anime mon corps, mais bien celle qui me soutient vers un ADVENIR POSSIBLE.
Je me rappelle très bien de toutes les conversations que j’ai pu avoir avec les autres jeûneurs, de la passion que j’ai eu à l’écoute des conférences sur la santé, l’hygiène de vie, la nature.
Je me rappelle très bien de l’odeur de la nature, du vent soufflant dans nos petits corps fébriles, de la découverte de ce nouveau point de vue.
J’ai changé de paradigme cette semaine là.
J’ai découvert que j’avais un corps et pas seulement une boule d’angoisse.
Le jeûne a eu l’effet d’une mise hors tension de mon corps.
Et dans ce processus physique, j’ai ressenti une reconnexion avec ce que j’étais au fond de moi, avec ce que je suis désormais.
Je me rappelle précisément que le dernier jour de ce jeûne j’ai verbalisé devant les autres jeûneurs mon désir, à mon tour, d’aider les autres. COMME UNE REVELATION.
A partir de ce moment là, j’ai enclenché mon processus d’épanouissement personnel et je me suis formée en tant que Guide de jeûne et naturopathe.
Aujourd’hui je suis très fière du chemin parcouru, j’ai accompagné plusieurs dizaines de personnes.
Comments